Christelle Grange est une artiste française, elle est née en 1980 et a grandi à Lyon. Elle vit et travaille actuellement près de Saint Etienne. Entièrement autodidacte, son attrait pour le dessin était déjà présent depuis sa tendre enfance et la passion s'est révélée en février 2008.
Ce n'est que fin 2019, sur les encouragements de son ami pianiste Ewerton Oliveira, qu'elle se décide à exposer son travail. Le fruit de douze années de travaux : elle met aux yeux des visiteurs des portraits au pastel et à l'acrylique, et des travaux figuratifs nés d'une démarche d'introspection , véritables exutoires émotionnels qui serviront par la suite l'évolution de son travail vers l'abstraction.
Le cap ainsi franchi par cette mise à nue, elle comprend que son art lui est essentiel et fait partie de qui elle est vraiment. Sa toile abstraite "Éclosion" sort à cette même période, en janvier 2020, signant son état de renaissance.
L'artiste a ensuite déplacé son regard sur l'être humain et explore son rapport au monde, cherchant à mettre en lumière ce qui la touche dans l'humain, ce qu'il a de beau en lui et qu'il doit préserver. Les émotions suscitées par la pandémie du Covid et le confinement l'ont portée dans une furie créative, avec des toiles de plus en plus grandes. 40 toiles sont réalisées sur deux ans.
Dans cette série, ses travaux contiennent des lignes projetées qui évoquent pour la plupart des formes humaines, qui lui a toujours été nécessaire de placer de cette manière imposante au centre d'un univers infini. Mettre en lumière l'être humain dans toutes ses dimensions lui paraît fondamental, tout comme de l' immerger au sein des éléments naturels, les conditions pour trouver ce qui lui est essentiel. Se mène alors une quête de profondeur et d' immensité, faisant se confondre le ciel, les espaces océaniques et terrestres. La couleur bleue est prépondérante et déclinée dans toutes ses variantes de teinte, pour faire fusionner les éléments, et en faire le réceptacle autant que le générateur de lumière .
Elle travaille de manière intuitive et spontanée, refusant tout contrôle du conscient sur ses gestes, choix de couleurs, mouvements, pour échapper ainsi au piège de l'objectivité qui la détournerait fatalement de ce qu'elle a à exprimer. Elle ne commence à peindre qu'après un long travail de maturation intérieure, lorsqu'elle perçoit suffisamment d'éléments qui entrent en résonnance autour du même sujet. Un besoin de l'exprimer s'impose alors à elle et l'amène à préparer sa toile en état d'urgence pour y déposer ce bouillonnement intellectuel et sensoriel.
Elle puise sa matière première d'inspiration dans ses lectures, romans et poésies, les émotions suscitées par la musique, sa vie personnelle, les films, et ses moments d'immersion et de contemplation dans la nature.
En recherche constante sur le travail de la matière, sa technique s'est constituée au fil du temps, chaque toile étant l'occasion pour elle d'expérimentations nouvelles guidées par son intuition. L'artiste considérant que la plus grande beauté de création est celle que la nature lui offre et non celle créée par la maîtrise humaine, elle déverse ses couleurs diluées ou plus denses comme la pluie et la neige pourraient le faire, elle y ajoute des courants d'air chaud ou froid qu'elle recrée avec un sèche cheveux. Elle fait émerger des reliefs terrestres en intégrant du marc de café, qui prend la forme d'une terre aride craquelée ou au contraire d'amas tels des cailloux.
Elle se suffit pour peindre de grands bols et louches en fruit de calebasse ramenés du Burkina Faso, inégalables pour leur profondeur de contenance et leur grande légèreté, et dans lesquels prennent naissance ses préparations mêlant pigments purs, liants plus ou moins denses, encres et acrylique, auxquelles feront alliance très souvent le marc de café, mais également parfois des fleurs, des épices et même du vin. Les louches en calebasse lui servent à déverser et projeter sur la toile posée au sol.
Sa technique a mûri et s'est constituée naturellement au fil des années et de ses travaux qui sont chaque fois pour elle une aventure d'expérimentations guidées par son intuition.
« C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche…Pour un peintre, les problèmes qui se posent ne précèdent pas les solutions. Ils naissent de l’œuvre, avec elle. »
Pierre Soulages
Début 2022 , une nouvelle série s'impose à elle qui délaisse les lignes projetées évoquant des formes humaines, faisant disparaître ainsi la place imposante de l'homme, suggérée dans sa précédente série, au profit d'un focus sur la nature, comme si celle ci reprenait ses droits.
Sa toile "At eternity's gate" est une ôde au ciel et au rapport qu'elle entretient avec celui ci. La nature est évoquée en premier plan et cela s'impose à elle désormais comme une évidence. La place des humains y est miniaturisée, partageant par là son émerveillement d'enfant face à une nature géante et fascinante, et laissant réfléchir au devenir de l'humanité et à une soumission nécessaire de l'homme à son environnement.
Une envie émerge au même moment de travailler autrement, sur des surfaces murales , qui la conduit à reprendre ses pinceaux, outils qui avaient perdu leur place dans son process pendant les deux dernières années. Sa première fresque réalisée sur un mur chez elle, dans laquelle elle y évoque des fleurs sorties de la nuit , se veut être une trace immuable de ce que représente l'art dans sa vie.
De cette expérience viendra le projet de continuer ce travail de floraison sur le mur d'amis proches, Elle réalise ainsi pour eux une fresque de 6m2 environ.
Au cours de l'été 2022 émerge le désir d'intégrer la nature dans ses matériaux, ce qu'elle faisait déjà partiellement auparavant en intégrant des fleurs et du marc de café dans ses toiles. Elle commence alors ses recherches pour créer ses propres encres à partir de fleurs, et se laisse séduire par les variantes de teintes que lui offre l'utilisation de son encre fabriquée à partir de fleurs séchées d'hibiscus qui lui ont été rapportées du Burkina Faso, pays avec lequel elle a entretenu un lien fort depuis de nombreuses années. Depuis cette découverte de fabrication de couleur végétale, elle ne cesse ce travail de recherche à faire naitre des couleurs à partir des matériaux organiques, d'origine végétale et minérale qu'elle peut trouver sur son chemin.
C'est ainsi que les séries sur papier - TRACES - et - EMPREINTES - prennent forme à partir de la fin de l'été 2022.
Dans cette série - EMPREINTES - elle y évoque une émergence de vie humaine faisant corps avec les éléments, elle questionne par ce biais les traces que nous laissons de notre existence et ce que nous sommes amenés à devenir, disparaître ou renaître en alliance complète avec la nature mère.
Sa dernière série en cours en 2024 , démarrée en septembre 2023 - CIRCONVOLUTIONS - fait évoluer des sphères qu'elle peint à la pipette et agrandit par rotation, telle une circonvolution, au pinceau. L'artiste a pris le parti dans cette série, d'avoir recours exclusivement aux encres naturelles de sa fabrication, faisant de son travail de recherche de la couleur végétale et minérale le fondement même de sa démarche.
Ces sphères, circonvoluant dans un espace blanc et vierge, et se connectant parfois entre elles, sont une manière de rappeler au commencement de la vie et à la fragilité de notre condition humaine hébergée sur un monde en mal de disparaître, en mettant en parallèle et à égalité, l'embryon de cellule de vie et les planètes, l'infiniment grand et l'infiniment petit, chacun étant porté par une atmosphère dont ils dépendent et à laquelle ils ne peuvent se soustraire pour continuer d'exister.
